I. REVOLVER TYPE BULLDOG
Identification
- Revolver de type “Bulldog” à 6 coups en calibre .320 court, percussion centrale, détente repliable.
- Plaquettes de crosse en noyer ordinaire quadrillé.
- Aucune marque de fabricant
- Poinçon d’épreuve de Liège post 1893, poinçon de contrôle C étoilé et chiffre 44 à l’arrière du barillet
- Poinçon de contrôle C étoilé sur le côté droit du tonnerre
- Indication du calibre “cal.320 c” sur la carcasse côté droit, sous le barillet.
- Canon à âme lisse
- Pas de poinçon d’épreuve “poudre vive”
- Datation approximative: autour de 1895
Examen approfondi et diagnostic
- Mécanisme apparemment bloqué par la rouille
- Plaques de rouille épaisse à certains endroits, évoquant une oxydation par produits chimiques plutôt que par de l’humidité
- Carcasse et barillet semblent en excellent état aux endroits non rouillés
- Couleur bleue suspecte
- Jaspage de la détente et du chien suspect
- Quadrillage des plaquettes plein de rouille séchée
L’examen attentif de l’arme révèle qu’elle a déjà été retravaillée. Le bleu du barillet et de la carcasse est trop clair et trop gris, et il y a encore des traces de lime à certains endroits. D’autre part, lorsqu’on regarde l’arme de face, on constate une asymétrie entre les deux côtés de la bande supérieure de la cage de barillet. Les arêtes sont toutes légèrement usées par le frottement, alors qu’elles aussi présentent un bleu homogène.
Le chien et la détente présentent une couleur à mi-chemin entre le jaune de recuit et le bleu à la flamme. On a ici visiblement essayé de donner à ces pièces l’aspect jaspé.
Par contre, l’arme semble avoir toutes ses pièces d’origine sauf son ressort de rappel de détente, qui est coupé dans une baguette et non forgé à la main. Pièce moderne.
Je pensais au départ dérouiller par électrolyse; mais ce procédé a l’inconvénient de rendre les ressorts cassants, ce qui oblige donc à démonter l’arme. Et dans le cas qui nous occupe, la rouille empêche tout démontage; je ne peux donc atteindre aucun ressort, ou alors je dois les sacrifier.
Je décide donc de faire un essai avec de l’huile dégrippante.
Après 4 heures, l’arme se laisse démonter, sauf pour la vis d’axe du levier de rebondissement du chien. L’intérieur est très sale et nécessite un bain de plusieurs jours dans du pétrole lampant pour décoller la crasse et le cambouis.
Opérations à effectuer
- Gratter la rouille et la crasse
- Repolir l’arme en entier
- Bleuir carcasse et barillet
- Polissage après trempe de la détente, du chien, des vis axes et de la console d’éjecteur.
- Réglage éventuel de la marche et du tir en simple action.
- Nettoyage et huilage des plaquettes de crosse
- Reportage
L'huile pénétrante et le bain de pétrole n'ayant pas réussi à décoller cette satanée vis, il ne me reste que deux solutions pour arriver à la desserrer: soit la chauffer au rouge, soit la grignoter à la foreuse.
Chauffer au rouge:
Il ne s'agit pas ici de braquer un chalumeau sur la vis, car cette façon de procéder chaufferait également trop fort une grande partie de la carcasse de l'arme, avec un risque d'altération de la structure du métal. Le mieux est de se servir d'une batterie de voiture ou même d'un chargeur de batterie. On pourvoit les cosses d'un fil muni d'une pointe de métal, de préférence de cuivre, et on applique les électrodes ainsi obtenues aux extrémités de la vis. Sous l'action du court-circuit ainsi provoqué, celle-ci va très vite chauffer au rouge, avec un effet très limité sur le métal qui l'entoure. Ce traitement doit en principe faire éclater la rouille dans les filets et permettre de libérer la vis.
J'ai bien dit: "en principe"...eh bien, dans mon cas, ça ne marche pas. La vis refuse obstinément de bouger. Il ne me reste donc que la dernière option: le forage.
Forage
Cette opération va bien évidemment détruire la vis, qu'il faudra remplacer. Et comme c'est le cas pour toutes les armes liégeoises de ce type et de cette époque, cette vis est tournée à la main dans une filière faite "maison", avec un pas impossible à reproduire et d'un diamètre n'existant pas dans le commerce.
Pour effectuer le forage, je commence par donner un léger coup de poinçon dans la pointe de la vis (pas la tête), pour guider la mèche. Puis je fore prudemment la vis, avec une mèche de diamètre plus petit.
Une fois ma mèche engagée assez loin pour avoir percé la première paroi de l'arme, j'arrête le forage; avec un petit marteau et un chasse-goupille, je tente de chasser la vis hors de son logement. Chance, elle cède enfin et je peux démonter le levier de rebondissement.
J'expliquerai plus loin comment j'ai fabriqué une vis de remplacement.
Nettoyage et repolissage
Nettoyage
Je sais qu'il y a d'autres façons de procéder, mais pour ma part je commence toujours par brosser énergiquement toute la pièce avec une brosse métallique à main très fine (fils de cuivre) afin d'enlever les restes de saleté que le pétrole n'aurait pas décollés.
Cette opération me permet entre autres de corriger certains éléments rapportés plus haut, comme par exemple le n° 44 relevé sur l'arrière du barillet, et qui s'avère en fait être un n° 41. Ce chiffre est également relevé sur la face gauche du bloc de détente.
Ce petit traitement fait également apparaître les dégâts causés par la rouille, qui s'avèrent plus graves que je ne pensais. Il y a par-ci par là des trous de piquetage trop profonds pour être enlevés au polissage.
Montage en blanc- vérification de la marche et correction des défauts mécaniques
Une fois l'arme bien nettoyée, je la remonte complètement afin de vérifier la marche. La "marche" est l'interaction des pièces du mécanisme et leur fonctionnement. Je remarque que tout fonctionne bien, mais que le ressort de rappel de détente est trop ouvert, ce qui rend son montage très difficile, et par ailleurs que le cran d'armé du chien est partiellement usé, ce qui rend la détente trop sensible en simple action.
Avec une lime fine à profil triangulaire, j'approfondis légèrement le cran, ce qui devrait corriger ce défaut.
Quant au ressort, une légère relime de la branche supérieure le rend beaucoup plus docile.
Une fois remontée, l'arme fonctionne bien. Les chambres du barillet s'alignent parfaitement avec le canon, ce qui exclut l'usure du doigt élévateur ou du rochet.
Au cran d'armé, le chien accroche bien, et la détente donne une résistance satisfaisante.
L'intérieur des plaquettes de crosse étant coloré noir, j'en déduis qu'à l'origine, ces dernières étaient complètement colorées en noir, "façon ébène", chose courante à cette époque. Moins courant est le système de fixation de la vis traversière: il s'agit ici d'une vis à bois, traversant la plaquette gauche et venant se visser directement dans celle de droite, sans écussons de cuivre. Cette disposition semble originale.
Après un léger ponçage, je recolore ces plaquettes en noir avec de l'encre de chine appliquée au pinceau. L'encre va pénétrer le bois et sécher, et permettra ensuite un léger vernissage au tampon qui redonnera aux plaquettes l'aspect de l'ébène à s'y tromper.
Il me faut maintenant également refaçonner la vis axe du levier de rebondissement. Pour ce faire, je taille un morceau de fil de fer doux (genre fil de clôture) à longueur, puis je l'amincis à la lime. Pour ce faire, je le place dans le mandrin de ma perceuse et bloque celle-ci dans mon étau, ce qui me permet de travailler mon morceau de fil à la lime sans déformer sa rondeur. Le morceau doit pouvoir se bloquer dans le trou fileté de la vis. Je laisse le côté tête de la vis légèrement plus épais.
Une fois à mesure, je pratique à la scie une encoche dans la tête de la vis. J'utilise pour ce faire une scie à métaux à main très fine.
Ensuite j'enfonce la vis en place. Elle résiste un peu, et je dois forcer. Ceci permet au pas de vis restant dans le trou original, en acier dur, de marquer son empreinte dans le fer doux de la vis. Il n'en faut pas plus.
Je pourrais maintenant cémenter la vis (transformer le fer en acier), mais c'est là une opération fastidieuse qui ne se justifie pas vraiment. La durcir suffira.
Pour ce faire, je la chauffe au rouge cerise avec un chalumeau, puis je la trempe dur en la jetant dans l'eau froide. Ensuite je la repolis légèrement pour la blanchir, puis je la place dans une petite écuelle en métal que je chauffe doucement sur un réchaud à gaz. Une fois arrivée au bleu sombre, je la plonge dans de l'huile et la laisse refroidir.
Cette dernière opération s'appelle le "revenu à l'huile" et s'applique également aux ressorts à lame. Elle a pour but de redonner de la souplesse au métal tout en lui laissant sa dureté.
Voilà, ma vis est terminée. Un bon polissage miroir, et elle sera parfaite.
Repolissage
C'est la partie la plus longue et la plus délicate de l'opération. Il faut en effet arriver à enlever le plus possible de boursouflures et niveler le plus possible de trous, sans pour autant enlever trop de matière. Qu'on me laisse préciser qu'en cette matière comme en d'autres, le mieux est toujours l'ennemi du bien. La restauration d'objets anciens est avant tout affaire de patience.
Quelques règles de base:
- Bannir sans pitié tout appareil de ponçage électrique genre Dremel ou autre. S'ils rendent la tâche facile, ces engins enlèvent en général trop de matière.
- Préserver à tout prix tous les marquages de l'arme. Ils peuvent être nettoyés, mais doivent rester lisibles.
- Même remarque pour les gravures et incrustations.
- Si l'arme est piquetée profond, mais fonctionne bien et vaut la peine d'être gardée (modèle rare, par ex), il vaut mieux se contenter de la nettoyer et peut-être d'atténuer le piquetage. Autrement on risque d'aller trop profond et de déformer les pièces.
Dans le cas qui nous occupe, sachant que je ne pourrais enlever tous les piquetages, je me contenterai d'un poli satiné, que j'obtiens en frottant les pièces avec du papier de verre à grain de plus en plus fin, commençant par un 400, puis un 800 et enfin un 1000. Mon intention est de "patiner" l'arme en fin de travail (voir notes in fine) pour lui redonner son cachet ancien. Le polissage doit se faire consciencieusement; il faut aller dans les coins et enlever à chaque changement de papier toutes les traces laissées par le précédent. (Voir notes in fine)
Ce faisant, je relève encore des marquages qui m'avaient échappé:
- Sur le bas du bâti de crosse, un chiffre 13 très grand. Ce chiffre n'est certainement pas un numéro d'atelier, mais plutôt un numéro d'attribution de lot. Il ressemble assez fort aux chiffres que l'on trouve sur les revolvers postaux (rares !!), mais cette arme ne correspond aucunement au modèle utilisé par les Postes. Peut-être la douane ou un autre service d'état...
- Sur le côté intérieur gauche du bâti de crosse, les lettres H.D. Se pourrait-il que ce soit là le sigle du fabricant ? Possible, mais je n'en suis pas sûr.
Rebronzage
Ici encore, il existe des dizaines de manières de procéder; quelques-unes sont expliquées dans mes notes en fin de chapitre. Pour ma part, j'ai l'habitude d'utiliser une méthode "chaude", généralement en 3 phases. Le réchauffement de l'acier à une certaine température fait remonter le carbone contenu à la surface du métal, colorant celui-ci en bleu sombre. Cette coloration bleue est très résistante et donne une bonne protection de surface contre l'oxydation. Elle est plus tenace que les traitements de surface chimiques, mais elle a par ailleurs l'inconvénient d'être fortement tributaire de la quantité de carbone contenu, et donc de la qualité de l'acier utilisé pour la fabrication de l'arme. (Voir détails plus loin).
Remarque importante
Les revolvers de type Bulldog sont tous équipés d'une portière de chargement à bascule. Cette portière est fixée par une vis minuscule, généralement impossible à dévisser, et s'appuie sur un ressort plat, logé verticalement dans la carcasse, et lui aussi fixé par une vis, laquelle est généralement "noyée" dans le métal. Dans la majorité des cas, démonter cette vis sans dégâts importants est impossible.
La température nécessaire au bronzage avoisinant d'autre part les 330° C, on est presque sûr de détruire l'élasticité du ressort.
Pour résoudre ce problème, je ne démonte jamais la portière de chargement mais je pratique la chauffe en 3 phases de 10 minutes, ce qui me permet de bleuir sans dépasser les 220-250°C.
Je place les pièces à bleuir dans une boîte en fer, avec couvercle, que je place simplement sur un réchaud à gaz du genre camping-gaz. Je surveille la chauffe; les pièces tournent lentement au bleu clair, puis au gris mat. Après 10 minutes, je les ôte du feu et les plonge dans un bain d'huile pour environ 5 minutes. Ensuite je les retire de l'huile, encore chaudes; j'essuie l'huile puis je lave les pièces convenablement dans de l'eau chaude additionnée de détergent. Toute trace d'huile doit être enlevée afin d'éviter la formation de taches à la phase suivante. (Voir notes)
Je répète cette opération encore 2 fois.
Après le 3ème passage dans l'huile et un dernier lavage, mes pièces sont terminées. Comme on peut voir sur les photos, elles sont d'un bleu beaucoup plus sombre et soutenu qu'elles n'étaient auparavant. Cette couleur est très proche du bleu original.
La portière de chargement et son ressort son intacts.
Remontage et patine
Il me suffit maintenant de remonter l'arme complètement, en commençant par le ressort de rappel de détente, puis le bloc détente, la plaque de recouvrement, ensuite le chien, puis son ressort. A ce niveau je teste le fonctionnement, la simple action et le rebond du chien; puis je place le barillet et son axe, la console d'extracteur et enfin les plaquettes de crosse, que j'ai entre-temps vernies au tampon. (Voir notes)
J'estime que l'arme devrait être encore patinée, pour lui enlever son aspect un peu trop neuf, mais le propriétaire la préfère telle quelle. Il a tort.
Quoi qu'il en soit, ce joli petit revolver a retrouvé la forme et quand même un peu plus de valeur, et ce à peu de frais.
NOTES
Pièces du mécanisme et fonctionnement
Sur la plupart des revolvers liégeois de "qualité courante", le mécanisme se compose de quatre pièces mobiles et de trois ressorts:
- Le bloc détente
- Le doigt élévateur
- Le chien et son mentonnet (pas sur les "simple action")
- Le levier de rebondissement (absent sur le type Lefaucheux)
- Le ressort de rappel de détente
- Le ressort de maintien du doigt élévateur
- Le ressort principal
Le bloc détente comprend la queue de détente et au-dessus d'elle une pièce basculant sur un axe transversal, comprenant à l'avant un bec qui s'appuie sur le ressort de rappel de détente, et à l'arrière d'un autre bec, plus long et courbe, qui accroche le mentonnet de chien et fait office de levier de gâchette. Entre les deux becs se trouve une excroissance, qui est la came de blocage du barillet. Lorsqu'on presse la détente, le bloc bascule vers l'avant, ce qui permet à cette excroissance de monter et de s'engager dans un des crans de blocage du barillet, de sorte qu'en fin de course, celui-ci est bloqué avec une chambre parfaitement dans l'axe du canon.
C'est parce que cette came est effacée lorsque le chien est à l'abattu, que le barillet de ces revolvers peut tourner librement, contrairement aux revolvers américains qui ont une came séparée qui s'efface une fraction de seconde sous l'action d'un méplat du chien au moment de l'armé, permettant au barillet de tourner. C'est aussi pour cette raison que les revolvers américains présentent souvent une griffe sur le pourtour du barillet, provoqué par le frottement de la came.
Le doigt élévateur est une petite dent de métal, pourvue d'un axe à son extrémité inférieure, lequel s'articule dans un trou pratiqué dans le bloc détente. Lorsque la détente est actionnée, le doigt monte dans un canal intérieur et son extrémité vient s'engager dans les dentelures du rochet, ce qui provoque la rotation du barillet (le rochet est la couronne dentée qui se trouve à l'arrière de tous les barillets de revolver). Le doigt est maintenu en place dans son canal par un petit ressort très mince en forme de boucle, fixé à sa partie arrière; c'est son "ressort de maintien".
Le mentonnet de chien est la pièce articulée au bas et à l'avant du chien. Au mouvement d'armé, l'arrière du bloc détente monte et la gâchette accroche le mentonnet, actionnant ainsi le chien. En fin de course, le bec de gâchette échappe à la prise du mentonnet et le chien retombe en avant pour percuter. Au retour, le bec de gâchette appuis sur le mentonnet dans l'autre sens, de sorte que celui-ci s'efface pour lui laisser le passage. Au repos, le bec de gâchette vient se loger entre le mentonnet et le pied du chien.
Lorsqu'on arme le chien pour tirer en simple action, le mentonnet reste inactif: c'est le pied du chien qui, en remontant, accroche et entraîne le bec de gâchette. En fin de course, ce dernier vient s'engager dans un cran pratiqué dans le pied du chien, retenant ce dernier en position jusqu'à ce que la détente soit pressée.
Les armes en double action unique n'ont pas de crête au chien
Les armes en double et simple action n'ont pas de cran de demi armé
Le chien des revolvers en simple action unique a toujours une crête mais jamais de mentonnet, et a toujours un cran de demi armé.
Le levier de rebondissement peut se présenter sous diverses formes, mais sur les armes dont nous parlons c'est la pièce en forme de L qui est logée à l'arrière et en dessous du chien. Elle aussi est articulée sur un axe transversal.
Après le tir, lorsque la détente est relâchée, l'arrondi arrière du bloc détente appuie sur l'avant du levier, qui bascule vers le bas. Sa partie arrière remonte et vient appuyer sur l'arrière du pied du chien, forçant la tête de ce dernier à reculer de quelques millimètres. Cette disposition évite l'enclouage mais a surtout une fonction de sécurité, car elle empêche toute percussion intempestive en cas de chute ou de choc sur la tête du chien. Ce levier n'existe pas sur les revolvers à broche, dont la seule sécurité consiste à placer le chien entre deux chambres. (A part bien sûr les améliorations du genre Gasser).
Un peu de technique armurière...
La patine envisagée ici est en fait le retour à l'aspect "usagé" d'une arme ancienne. Après le re-bronzage, les arêtes et les surfaces de frottement sont légèrement frottées au papier de verre très fin, ou à la laine d'acier fine, de façon à enlever ou éclaircir le bleu comme sur une arme usagée. L'intérieur du canon et des chambres est débronzé de la même manière, puis "rouillé" avec un chiffon imbibé d'esprit de sel (attention aux taches), et la rouille ensuite stabilisée par un passage au chiffon huilé, qui laissera une couleur noire brune. Si elle est bien faite, la patine est saisissante de vérité.
Le polissage est affaire de patience. On peut commencer par un grain de 300 ou 400, puis un 600, un 800 et un 1000.
Pour un poli "miroir", il faudra utiliser un grain de 2500 puis un 4000, qui ne se trouvent pas dans le commerce normal.
Mais on y arrive aussi en réutilisant les papiers de 800 et de 1000 usés, ou en utilisant de la laine de fer fine, genre Jex.
Et il faut aller dans les coins...et enlever à chaque passage les traces laissées par le papier précédent. Il est aussi à conseiller de placer le papier autour d'un bloc de bois pour les surfaces plates, pour un meilleur rendu et un poli homogène.
Le re-bronzage peut se faire de dizaines de manières différentes, toutes expliquées en détail dans la littérature spécialisée. Pour ma part, je me contente d'utiliser deux méthodes qu'à force de pratique je suis arrivé à contrôler: le bronzage à chaud, soit dans un four, soit dans un bain de salpêtre fondu. La méthode du bronzage au four est expliquée dans le chapitre de restauration précédent. Le matériel à utiliser est simple et se réduit à un réchaud à gaz genre Camping Gaz et un récipient en métal pourvu d'un couvercle quelconque. J'utilise une vieille forme à pain en acier, que je couvre d'un morceau de tôle. Ce récipient constitue un "four" destiné à répartir la chaleur de manière plus égale. Je place les pièces à bronzer dans la boîte, je la couvre et je la mets sur le feu du réchaud pendant 10 minutes. Ensuite je les plonge dans l'huile, qui va les refroidir lentement et éviter les reflets irisés du bronzage " à la flamme" au moment du bleuissage. Ce n'est ni sur le feu ni dans l'huile que la pièce acquiert son bleu profond, mais bien au moment de son refroidissement. La nature de l'huile utilisée n'a pas d'importance, pourvu qu'elle ne soit pas trop fine. J'utilise moi-même de l'huile de moteur 30-40; mais en fait l'huile de lin ou même l'huile de friture peuvent aussi bien convenir.
Pour le bronzage au salpêtre, si on peut se procurer du salpêtre pur en cristaux, il suffit d'en faire chauffer une quantité suffisante pour un bain pouvant couvrir toutes le pièces à bronzer. Vers 330°C environ, le salpêtre fond et se présente sous la forme d'un liquide aqueux un peu jaune. On plonge les pièces dans ce bain, elles se couvrent immédiatement de bulles et dès qu'elles sont à température, commencent à foncer. Surveiller le procédé et retirer les pièces quand la couleur désirée est atteinte (du bleu azur au noir). Ensuite, les faire bouillir dans de l'eau additionnée de détergent pendant 30 min puis les sécher.
Le vernissage au tampon est une méthode de vernissage du bois très ancienne, mais très facile à pratiquer. Le vernis à tampon peut se trouver facilement au rayon peinture de tous les bricocenters. Ce vernis ressemble à du lait, dont il a aussi la consistance. On roule un chiffon de coton qu'on trempe dans le vernis et qu'on place ensuite dans un second chiffon. Puis on enduit le bois en frottant énergiquement dans un seul sens. La chaleur du frottement fait briller le vernis, qui a aussi l'avantage de sécher immédiatement: donc pas de traces de doigts ni de poussière collée, et pas de traces de pinceau. Pour un brillant profond, on applique plusieurs couches, espacées d'au moins 3 jours afin que le vernis puisse durcir. Enfin, on termine par une couche de "popotte de brillantage", appliquée de la même façon. Cette "popotte" se trouve également toute faite dans le commerce.
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